How are you Today ?~With Amélie ♫

•Tu observes l’astre de feu. Sa splendeur naturelle te fait doucement rêver. Tandis que dans tes mains, un livre de comptes, reste niché. Tes perles bleues restes en suspend dans le vide. Observant la clairière dans son intégralité. Détaillant le moindre petit geste de la végétation, t’imaginant un univers à travers chaque son de mère nature. Le temps semble suspendu, seul le chant des oiseaux et l’odeur d’épicéas semble atteindre ton esprit absent. Ta chevelure blonde se laisse emmêler avec grâce par la brise automnale. Un frisson parcouru l’intégralité de ton corps. Tes épaules, nues, grelottaient sous la morsure du vent. L’herbe, commençant à jaunir, démangeait tes fines jambes ; ta robe couleur nacre n’étant pas assez longue pour recouvrir la totalité de tes membres, elles grelottent elles aussi. Mais tu t’en moques éperdument. Toi, tu restes fascinée et attirée par cette étoile dont la brillance est semblable à un feu des plus passionnés. Tes lèvres murmurent les paroles d’une chanson inconnue, tes mains se crispent sur la couverture de cuire de ton précieux livre. L’atmosphère était d’une légèreté sans pareille dans cette clairière… pourtant l’air était humide et chaud. Tu pouvais deviner à l’avance qu’il allait y avoir une averse d’ici peu de temps. Tu fermes tes paupières trop maquillées. Tu fermes tes lèvres pulpeuses, peinte de rouge framboise. Tu laisses ton buste s’allonger avec délicatesse dans les feuilles mortes, aux couleurs brûlantes, se trouvant tout autour de toi.

Le temps passe. Tu ignores quelle hure il est. Tu ne veux pas le savoir. Tu es bien, là, allongée telle la belle aux bois dormant. Attendant avec patience que la pluie s’abatte sur ton maigre corps. Ou alors… ? Non, tu n’attends pas que la fatalité t’atteignes, tu attends qu’un signe se présente à toi. Une main tendue, un éternuement, un soupir… tout… tout et n’importe quoi tant que cela peut briser ce silence qui oppresse ta conscience. Qui oppresse ton coeur. Qui oppresse tout ton être. Tu te laisses sombrer peu à peu dans les bras de Morphée, oubliant même l’endroit où tu te trouvais. Pourtant, quelque chose trouble ta sérénité, un contact. Doux, chaud, rassurant. Tu sais qui peut se cacher derrière tant de tendresse. Tu ouvres tes yeux, observant avec un sourire candide, ton cher et tendre Polly. Tu poses une main délicate sur son chanfrein, puis relevant ton buste avec élégance, tu déposes un baiser pourpre sur le nez du jeune poney. Tu regardes, un sourire béat sur les lèvres, la marque rouge que ton maquillage a laissé sur le museau de ton ami. Celui-ci s’ébroue avec jovialité, les muscles frissonnants sous la brise devenant de plus en plus fraiche. Tu en profites pour venir glisser une main dans sa crinière emmêlée et rêche. Avec l’aide de tes doigts délicats, tu formes un début de tresse dans ses crins. Mais tu finis par lâcher la mèche. La laissant se dérouler lentement pour reprendre une forme banale. Tes yeux deviennent inexpressifs. Vides. Tu as de plus en plus de moments d’absences comme ceux-ci, ma douce Eliza… Polly te donne un affectueux coup de chanfrein. Tu laisses un sourire se dessiner sur tes ourlets de chair.

« Polly… mon doux Polly… Crois-tu que je suis en retard pour les cours ? »

Un hennissement hilare provint des lèvres de l’animal. Te faisant toi aussi rire. Tu finis par te lever, tenant toujours le livre dans ta main droite. Ta robe se laisse froisser par le vent avec désinvolture. Ta crinière blonde est désormais en bataille, telle la crinière de ton cher ami. Tu commences à avancer. Sortant peu à peu de ta bulle d’idylle. Sortant de cette clairière dont seuls toi et ton esprit savent l’apprécier à sa juste valeur. Comme un havre. Tu te déplaces avec hésitation, tes jambes flageolent légèrement, tu zigzagues, tu tombes à plusieurs reprises. Mais c’est bon. Polly est là. Polly sera toujours là pour te relever de tes regrets et de tes peines. Finalement, tu arrives à voir la large silhouette de l’Académie. Ce bâtiment te donne envie de t’enfuir loin. Loin de tout. Mais tu ne pourrais pas. Tu n’es pas faite pour vivre seule. Mais tu ne serais pas seule, tu aurais Polly, non ? Non. Polly, c’est Polly. Tu as besoin de contacts humains.

Avant d’atteindre l’entrée du bâtiment, une averse s’abbat violement sur ton corps. Polly était déjà retourné à l’écurie. Mais toi, tu étais toujours dehors. Sentant sur tout ton corps la brûlure de l’eau gelée. Ton maquillage coule. Ton rouge à lèvre devient pâle et coule lui aussi. Le noir de tes yeux donne l’impression que tu as pleuré toute une nuit. Ta robe blanche s’imbibe d’eau pour s’aplatir sur ton corps avec disgrâce. Tu fermes les paupières, profitant de cette vague de froid soudaine. Profitant de chaque seconde sous cette eau pure et glacée. Laissant ton esprit divaguer parmi le ciel bleu se trouvant derrière le gris des nuages.

Une fois ton moment d’absence terminé, tu pénètres enfin dans le bâtiment. Vas-tu te changer pour te mettre une tenue plus appropriée sur le dos ? Non, non. Tu es bien comme ça. Trempée. Le maquillage dégoulinant sur ton si parfait visage. Tes cheveux dans un sale état. Tes chaussures gorgées d’eau. Oui. Tu es bien. N’est-ce pas ? Tu es néanmoins triste pour ton livre dont les pages risque de gondoler dû à la pluie. Tu te diriges vers ton cours. Tu frappes à la porte. Pénètre dans la salle sous les yeux surpris ou dégouttés de tes camarades. Certains rigolent, tant mieux. Ton professeur te regarde avec une mine déconfite, te demandant pourquoi étais-tu si en retard. Et toi, ton sourire candide sur le visage, tu réponds de ta voix cristalline ;

« J’ai suivi le Lapin Blanc, comme me l’a conseillé le Lièvre de Mars, mais il est mort en court de route. Dévoré par le Chapelier fou. J’ai donc dû trouver moi-même le chemin, Monsieur. »

Tu entends des rires. Tu entends des insultes. Tu te tais. Tu souris, et tu te tais. Attendant une simple phrase de la part de ton enseignant.

« Hmm… Oui. Très bien, Eliza. Tu peux aller t’asseoir. Mais nous avons déjà formé les binômes pour l’exercice. Je vais devoir te mettre avec Amélie. D’accord ? »

Un sourire compatissant. Un sourire de pitié. Un sourire hypocrite. Ton enseignant te répugne. Lui et son crâne chauve. Lui et sa barbe mal rasée. Lui et ses chemises tâchées. Lui et ses manières écœurantes. Lui et son faux regard doux. Mais toi, tu continues de sourire telle une enfant. Puis, tu te diriges de ton pas léger vers ta nouvelle place. A côté d’une brune. Amélie ? Tu sais qui s’est. Mais tu ne lui as jamais réellement parlé. Car tu sais qu’elle te trouve bizarre. Comme tout le monde. Tu tourne ton visage barbouillé de maquillage vers celui de la jolie brune.

« Woaw, salut Amélie, j’suis sûre que ça va être super. »

Ton sourire s’élargit un peu plus. Puis tu tournes ton visage à nouveau vers le tableau sous les murmures répugnés et effrayés de tes camarades.