Vive les conneries ! [Brooke et June]

J'entre dans la cafétaria avec la seule envie de mettre le bazar. Une petite baston, renverser mon plateau sur un surveillant, ou autre... J'ai beaucoup d'idées, mais quand on est seul, ce n'est pas très drôle. Alors je vais m'assoir à ma place habituel et sort une tablette de chocolat de ma poche. On pourrait presque croire que je ne mange que du chocolat, mais non. Je mange parfois d'autre choses. On se demande pourquoi je ne grossis pas, bah moi je sais pourquoi : sport. Je suis toujours en mouvement, j'ai toujours eu besoin de bouger, par exemple là, je me balance sur ma chaise. Commençant à m'ennuyer, je me met à regarder les filles qui entre dans la cafet' pour aller manger. Mais une seule retient mon attention. C'est une jolie fille châtain aux yeux bleu. Elle est vachement maquillé, mais je pense qu'elle pourrait être pas mal. A draguer ? Oh non, mais pour déconner... Je me lève donc et m'approche d'elle, un sourire aux lèvres. Je m'assois à sa table et me présente :

-Je suis Taylor et toi ?

Brooke inspecta une dernière fois le box de sa jument. Elle avait remis de l'eau dans l'abreuvoir, de l'avoine dans la bac et tapissé le sol de foin sec et propre. June était pansée, ses crins démêlés et ses sabots curés. Bien, elle avait fait tout ce qu'elle avait à faire. Après une brève hésitation elle prit la couverture rose et verte (oui oui, cette fille s'habille en noir, mais adore les couleurs vives et pétantes) qu'elle déposa sur le dos de l'équidé puis en attacha les sangles et après être sortie du box le referma. Elle sourit à son image dans une flaque d'eau, reflet d'une jeune fille magnifique mais quelque peu...perdue ? En effet après l'accident, la petite fille pleine de vie s'était renfermée, n'ouvrant son coeur qu'à ceux qui étaient à peu près à même de la comprendre, elle avait besoin de tendresse pour pouvoir en offrir, elle avait peur d'aimer, peur de s'attacher. A quoi bon après tout si c'est pour perdre l'être cher à notre coeur ?
*Tu es pitoyable ma pauvre fille, se dit-telle dans sa tête, ta vu tout le noir que t'a sur les yeux ? On dirait un panda ! Pfff... Et t'es trop maigre tu sais ça ? Que t'es trop maigre ?
-Ouai, répondit-telle à son subconscient, j'sais.
-Tu sais ? C'est très bien. Alors manges, bouffes, les mecs ça drague pas les sacs d'os !
-...*
Discours bien pittoresque, mais qui toutefois lui donnait envie de se battre. Se battre dans les deux sens d'ailleurs...casser la gueule de quelqu’un l'aurait bien détendu mais ce n'était pas son genre de passait ses humeurs sur n'importe qui ! Alors elle se contenterait d’emmerder un peu le monde, mais toute seule c'était moins drôle. Et Lola était en stage. Sa p'tite lizouille chérie elle était introuvable. Et aucun mec à draguer à l'horizon. Elle soupira et sauta à pied joints dans la flaque d'eau qui se brouilla. Un sourire naquit sur son visage d'ange encerclait par ses beaux cheveux bruns. D'un geste las elle se fit un chignon qui lui allait à ravir. Puis de sa démarche élégante elle traversa les allées de l'Académie et pénétra dans la cafétéria...où il faisait bien trop chaud d'ailleurs. Elle prit une assiette de nouille, alla s'asseoir à une table isolée et laissa son regard se perdre au loin à travers la vitre. De son sac à dos elle sortit une tablette de chocolat noir, elle avait faim. Oui pour la première fois depuis longtemps Brooke Elisabeth Camille Hawkins avait faim... C'est alors qu'un beau jeune homme qu'elle avait déjà croisé s'approcha. Hmm plutôt très mignon, très très mignon même. Musclé, brun, un regard ténébreux, une démarche masculine. Tout pour plaire. L'adolescente se méfiait de ses playboys. Mais lui avait l'air...différent.

-Je suis Taylor et toi ?

Elle laissa un petit sourire naitre sur son visage et lui tendit sa main fine, aux ongles parfaitement limées et vernis en vert.

-Brooke, enchantée !

-Brooke, enchantée !

Je luis prend la main qu'elle me tend et la serre délicatement. Il ne faudrait pas que je la blesse avec une poigne de fer. Je me demandais d'où elle venait. Si elle était nouvelle ou non. Car je ne m'occupais pas beaucoup des autres à vrai dire. Je lui rend donc sa main et continuant de sourire :

-Tu es nouvelle, et tu viens d'où ?

J'espère pour elle qu'elle avait eu une enfance facile, parce que la mienne, n'en parlons même pas. A cette pensée, mes yeux s'assombrirent et mes muscles se contractèrent. Je les détestaient. Oui, mes parents, mes amis, enfin ce n'était même pas des amis, plutôt des enfoirer je dirais. J'avais envie de frapper quelqu'un, mais à la vue de brooke en face de moi, je me calma. Pourquoi je m'énervais toujours aussi facilement. Saleté de sang chaud. Et puis Rhuys ne les avaient jamais aimé lui non plus, c'est pour ça qu'à chaque que je pense à ça, il s'énerve aussi. Pensant à ma tablette de chocolat entamé, je la ressort de ma poche et casse des carrés je j'engloutis aussitôt. Aujourd'hui j'ai très faim. Pourtant je n'ai rien fait de ma journée, et je n'ai pas encore couru. Mon regard recommence à divaguer, se posant sur chacune des personnes de la cafet'. Je suis encore à la recherche d'idées de conneries...

(Taylor)

-Tu es nouvelle, et tu viens d'où ? demanda t-il

Sa poigne était forte, mais elle sentait qu'il se retenait, c'était visible, elle rit intérieurement pour ne pas le vexer. En effet il n'avait rien de ces play-boys, qui draguaient les nanas pour les ajouter à leur palmarès ou alors il ne cherchait pas à faire de la jeune fille sa prochaine proie. Peut être se trompait telle, et peut être qu'elle n'était pas assez belle pour lui mais qu'importe, les mecs c'était pas son truc et ce ne le serait surement jamais, son truc à elle c'était les dadas. Comme si elle était une poupée de chiffon à ses yeux, il desserra encore son emprise sur sa main ce qui la fit sourire d'avantage. Oui, Brooke était particulièrement fine, et paraissait parfois même fragile...enfin jusqu'à ce qu'on fasse sa connaissance et qu'on se rende compte qu'elle n'avait besoin de personne, du moins c'est ce qu'elle montrait. Les muscles de Taylor se contractèrent alors, il semblait énervé. Brooke était passée maître dans l'art d'observer les gens. Préférant la solitude à la compagnie, elle s'était souvent assise sur un banc à l'écart, pour dessiner tout ce qui passait dans son champs de vision. Savoir saisir les moindres détails, des bribes de vies étalées sur du papier. C'est ce qu'il disait toujours...Il, c'était Antoine, Antoine c'était son prof particulier, c'était super-man en plus blond, c'était son frère. Elle détourna les yeux un instant et lâcha sa poigne. Trop de souvenirs, elle les chassa de son esprit et revint à Taylor.

-Je...ça fait 4 ans que je suis ici, dit-elle, et je re-viens de loin, ce serait plus juste de dire ça comme ça.

Elle rit amèrement, elle n'aimait pas se souvenir. Les souvenirs c'était ce qui amenait le chagrin et les regrets. Les souvenirs ça servait à quoi ? A se souvenir certes mais de quoi ? Des meilleurs moments de sa vie ? Sa vie maintenant elle était ici et nul part ailleurs, Antoine il était loin, son amour pour lui s'était évaporé, elle avait 13 cette nuit là, elle ne lui avait même pas dit au revoir, elle avait fuit sans lui dire au revoir, sans dire au revoir au seul être qui tenait à elle dans ce monde de fou qui avait fait de la gamine qu'elle aurait du être, un bout de femme acharnée, têtue et qui cachait sa sensibilité...la vie l'avait crée, mais pas épargnée, elle l'avait détruite. Nombre de fois elle avait priée pour crevé, mais sous la pluie battante, dans cette ruelle, pour la première fois, elle avait repris espoir, ce n'est que quand on touche le fond qu'on peut remonter. Cette nuit là elle avait touché le fond et tel un ange il était apparu, l'avait prit dans ses bras forts et musclés. L'image de lui était vague, c'était il y a 4 ans, elle avait voulu oublier, elle avait tout oublier. Même son sauveur.

-Et toi ? Tu es ici depuis longtemps ?

Qu'est-ce que t'es conne Brooke, quand tu commences à poser des questions et à t'intéresser aux gens tu sais ce qui se passe ?
Ouai...
Bah alors fait le dégager idiote ! Tu sais ce qui se passe ? Tu sais ? T'es sure ?
Ouai j'te dis, je suis sure...
Tu t'attaches aux personnes, elles te détruisent et tu ne remonteras pas la pente deux fois ma petite moi j'te le dis. S'attacher, c'est crever.
Faut bien mourir de queque chose ?
Ouai mais toi t'es trop jeune, et tu remonteras pas tu m'entends ? Tu remonteras plus.
Je sais.

Une fois son monologue muet terminé, elle lui fit un grand sourire de gamine. La jeune fille repoussa son plateau, tout ça lui avait coupé l'appétit. Et comme elle n'aimait pas être plus petite que lui, elle se leva avec son élégance habituelle. Et s'appuyant légèrement contre la table elle plongea son regard d'ange dans le sien, son regard bleu océan qui cachait une immense peine, mais qui le remarquerait ? Et qui s'intéresserait à elle ? Personne, personne...

T'attache pas va, ça sert à rien.
Je m'en fou, je peux crever je m'en fou, je veux juste oublier.
*soupir*

-Et toi ? Tu es ici depuis longtemps ?

Moi ? Je ne sais plus à vrai dire. Depuis combien de temps. Le temps passe tellement vite. Sûrement plusieurs années. Je dirais 6 pas plus. Revenant sur la jeune fille châtain, je lui souris :

-Je crois que ça fait 6 ans et les profs sont toujours aussi chiants...

Oui, les profs j'en avais par dessus la tête, pourtant je ne voulais pas partir d'ici. Ici c'était un peut comme une famille d'accueil pour moi. Pas comme mes parents qui m'avaient eut par accident. Ils me l'on toujours répété et j'en ai souffert. C'est aussi à cause de moi si ils sont resté ensemble. Ils me détestaient. Ils me battaient. Mais je les détestaient aussi. Même si je n'étais qu'un enfant, je savais ce qu'était des parents aimant. Je les observaient souvent de ma chambre qui donnait sur la rue. On les voyaient prenant leur progéniture sur leurs épaules, par la main, les faire tournoyer dans les airs, leur offrir des cadeaux. Moi je n'avais pas eu le droit à ça, mais plutôt à des claques, des objets balancé à la figure. Même un animal de méritait pas ça. Je n'étais qu'un souffre douleur partout où j'allais. A l'école c'était la mâche chose. A croire que j'avais une tête à claques... Je n'avais qu'un seul ami à cette époque là : Rhuys. Ce bel étalon isabel qui me suivait dans son champ quand je le longeais pour rentrer chez moi. Celui qui m’appelait le soir pour que je vienne lui donner du pain ou encore pour quelques caresses. Mais maintenant j'étais ici. J'avais des amis. Pas beaucoup mais j'en avais. Beaucoup d'ennemis mais ça ce n'est pas grave, j'ai toujours eu l'habitude d'en avoir. Je me sentais ici comme chez moi. Mais aujourd'hui, j'avais décidé de m'amuser. Regardant Brooke droit dans les yeux :

-Tu n'aurais pas une idée de connerie...

-Je crois que ça fait 6 ans et les profs sont toujours aussi chiants...

Elle sourit suite à cette remarque, elle pensait comme lui. Cette pensée la fit grimacer, premier mec qui lui ressemblait. Tiens il était vraiment pas commun celui-là ! Il la regarda droit dans les yeux, elle fit donc de même sans pour autant laisser son p'tit sourire en coin disparaître.

-Tu n'aurais pas une idée de connerie...

Elle regarda autour d'elle, habituellement il suffisait qu'elle se laisse aller et en quelques minutes, même pas, quelques secondes c'était le bordel absolu. C'est ce qu'elle fit donc, elle se leva et prit la main de Taylor puis l’entraîna du côté des cuisines et murmura :

-Tu vois le truc là-bas, le truc rouge ? C'est du piment, très très fort. Je te déconseille fortement d'y toucher mais libre à toi de faire l’expérience ! Bref, le chef cuistot s'éloigne tous les quarts d'heures quelques minutes des cuisines, tu comprends il a besoin de fumer sa ptite clope. Pas très hygiénique non ? Et en plus c'est pas autorisé. Si pendant les quelques minutes où il se casse on arrive à choper le piment et à en foutre dans les plats ça va faire un tabac ! Et on peut pas se faire coincer, car si le chef va se plaindre il devra aussi avouer au dirlo qu'il prend une pause pour fumer. Pas mal nan ?

Elle lui fait un clin d'oeil et alors que le chef cuistot prend sa pose, Brooke rougit et se rend compte qu'elle lui tient toujours la main, elle la relâche donc et attend sa réaction.

Je me retrouva entraîné par la main vers les cuisines. Cela ne me déplaisait pas au contraire. Sa main était douce et chaude. On traversa donc toute la cafet' et on arriva aux cuisines. La porte était ouverte est elle se mis à parler :

-Tu vois le truc là-bas, le truc rouge ? C'est du piment, très très fort. Je te déconseille fortement d'y toucher mais libre à toi de faire l’expérience ! Bref, le chef cuistot s'éloigne tous les quarts d'heures quelques minutes des cuisines, tu comprends il a besoin de fumer sa ptite clope. Pas très hygiénique non ? Et en plus c'est pas autorisé. Si pendant les quelques minutes où il se casse on arrive à choper le piment et à en foutre dans les plats ça va faire un tabac ! Et on peut pas se faire coincer, car si le chef va se plaindre il devra aussi avouer au dirlo qu'il prend une pause pour fumer. Pas mal nan ?

Réfléchissant, je ne me rendis pas conte qu'elle enleva sa main de la mienne. C'était une bonne idée. Tout sourire, je lui agrippa une manche et entra dans l'univers de la bouffe. Personnellement, je n'aimais pas trop l'odeur, mais pour ce que nous allions faire, je pouvais le supporter. Rasant les murs devant Brooke, je me rendis jusqu'au piment et le prit pour le poser sur une planche. Je pris un couteau et me mis à le découper en morceau :

-Prends le, et met le dans les plats, pendant ce temps, je vais voir si je ne trouve pas d'autres épices...

Sur ce, je la laissa et partis à l'autre bout de la cuisine. Là je trouva du curry, du poivre, du gingembre... Je me dirigea vers les plats et versa le contenue des pots dans chaque casserole, marmites, poêles... Que je trouvais. Heureusement que j'avais mangé avant, parce que ça allait être arrachant et dégueulasse. Le cuisto allait s'en prendre plein la tronche. Content, je me mis en marche vers la jeune fille et lui demanda :

-Tu as finies ? Moi oui, et je pense qu'il faudrait y aller avant qu'il ne revienne.

Et je patienta le temps qu'elle me réponde.

Abandonné ou pas ?