Une mauvaise chute ... [PV eliza & polly]

Le temps était fade. L’automne était là. Et toi, Eliza, tu n’aimais pas ça. Polly n’était pas là, lui. Il devait sans doute gambader on ne sait où. Tu voulais qu’il soit là pourtant. Tu t’embêter. Tu étais seule et tu t’ennuyais. Les mains dans les poches de ton jean déchiré, tu te dirigeais d’un pas léger vers ta chère clairière. Lieu que tu favorisais depuis ton arrivée à l’Académie. Le seul endroit, avec les champs, qui ne te donnait pas l’impression de n’être entourée que de murs aussi froids qu’écrasants. Tu laisses s’échapper un soupir d’entre tes lèvres rosées. Le temps était triste, tu l’étais tout autant. Non. Disons plutôt ; fatiguée. Oui, c’est ça. Tu étais épuisée. De quoi ? Tu es la seule à en connaitre la raison, ma chère Eliza… Tu sorts tes mains de tes poches, laissant tes bras le long de ton maigre squelette. Tu frissonnais à cause de la faible brise. Ton T-shirt rose fluo à rayures vertes ne couvrait pas assez tes bras pour te tenir chaud. Puis, les trous de ton jean ne t’aidaient en rien à rester à une température corporelle plus chaude. Tu passes tes mains glacées dans tes longs cheveux d’or. Les ébouriffant un peu plus qu’ils ne l’étaient déjà. Le silence était pesant sur le sentier. Rien n’a l’horizon. Le calme plat. Hormis le son mélodieux de la nature, rien ne semblait vouloir venir troubler la paix de ce lieu. Tout ça est très ennuyeux, n’est-ce pas Eliza ?

Finalement, tu te stoppes au milieu de la route. Tu t’assoies en tailleur au milieu de celle-ci. Croisant tes bras, faisant une moue enfantine. Tu boudais. Boudais quoi ou qui ? Tout le monde. C’était le genre de caprices que tu faisais souvent. Tu t’ennuies. Personne n’est là, alors tu boudes. Que c’est charmant… Tu attends. Dix, vingt, trente minutes… qui sait. Tu n’as pas la notion du temps de toute manière. Polly devrait être là. A te faire rire. A faire l’idiot pour apaiser ta « tristesse ». Mais il n’est pas là. Lui aussi, tu le boudes.

Au bout de quelques minutes à ne strictement rien faire, tu décroises tes bras et commence à écrire des lettres dans la poussière accumulée sur le sentier. Des mots qui ne veulent rien dire. Strictement rien dire. Des bouts de phrases incohérentes, des équations littéraires, des lettres seules. Tu t’amuses bien à dessiner se qu’il te passe par la tête. Tu continuais ton petit « jeu » en finissant un morpion contre toi-même, lorsqu’un hennissement te fit vivement sursauter. Tu te relèves brusquement, ne pensant même pas à épousseter ton pantalon plein de poussière. Tes yeux bleus se dirigent instinctivement vers l’origine de cette « voix ». Ce n’était pas Polly, ton poney ne « parlait » pas ainsi. Et tu aurais reconnu tout de suite la voix de Polly. Alors que tu pensais avoir rêvé, préférant finalement retourner dans ta chambre pour faire la sieste, une jument d’une blancheur lunaire déboula devant toi, au galop. Tu tombas sur les fesses avant d’avoir pu l’éviter. L’animal semblait tendu voir inquiet ou en pleine crise de nerfs au choix.

Tu essayais tant bien que mal de te relever alors que la jument te « criais » dessus. Tu arrives enfin à te relever après plusieurs tentatives loupées suite au stress qui émanait de la jument. Tu lèves les bras vers l’animal, essayant de le calmer tant bien que mal, mais elle repartit précipitamment dans la direction opposée. Il faut suivre le lapin blanc, Alice~ Bien que tu ne te nommes point Alice et que ce n’est pas un lapin blanc mais une jument. Tu parts donc à sa suite, courant avec légèreté. La course n’était pas ta tasse thé, mais face à un évènement tel que celui-ci cela ne pouvait qu’être amusant de courir. Tu courais donc, utilisant tes fines guibolles pour maintenir la distance entre toi et le bel animal, souriante. Toujours souriante.

Finalement tu atteins le lieu que tu désirais voir au départ ; la clairière. L’automne était bel et bien présent. L’herbe était jaunie, les feuilles étaient au sol, le temps était frais et humide. Bref. L’automne dans toute sa splendeur. Mais ce n’est pas ce qui attisait le plus ta curiosité dans ce lieu ; il y avait un homme en son centre. Un homme, allongé sur le sol, que tu connaissais. Un prof. Un de tes profs. Alexandre quelque chose… tu as du mal à retenir les noms de familles. Tu te diriges vers lui avec un sourire candide. Avant de remarquer que s’il était allongé ce n’était pas pour bronzer mais parce qu’il n’arrivait pas à se lever. Tu t’accroupies face à lui, ton sourire ne te quittant pas. Tes prunelles rivaient sur les siennes.

« Woaw, c’est bizarre de voir un prof mal en point. »

Tu te relèves après cette phrase « normale »… oui normal est un grand mot dans ton cas, Eliza. Puis tu tends une main compatissante envers ton professeur. Tu aurais bien appelé l’Académie avec ton portable, mais tu l’avais oublié dans ta chambre. De plus impossible pour toi de monter sur la jument du professeur, car tu ne sais pas monter un autre cheval que Polly. Et le bâtiment est trop loin pour faire un aller retour seule.

« Venez, j’vais vous aider à tenir debout. »

Ton sourire enfantin reste scotché sur tes lèvres. Tes yeux restes fixés sur ton enseignant.